Assemblage du kit du Slite v2
Construction du planeur RES SLITE v2
Un planeur pour danser dans les bulles…
Le SLITE est un développement du PuRES de Joseph Gergetz. Ce modéliste a produit pendant quelques années des kits de montage du SLITE et du PuRES et ces planeurs ont connu plusieurs très beaux résultats en compétitions. Les modèles de Joseph devinrent fort demandés, mais sa capacité de production était trop faible pour répondre à la demande. Après quelques mois d'incertitude, la production des kits a été confiée à Andreas Grüner, célèbre producteur des kits découpés au laser et distribués par Stefan Höllein. Pour la circonstance, le SLITE original a été légèrement retouché et est désormais dans sa version v2. La section du fuselage a été un peu réduite et, surtout, l'aile en triple dièdre est désormais en trois parties, montées sur un tube de carbone et les panneaux extérieurs sont assemblés par une cap de 4mm, une conception d’aile similaire à celle de l'excellent Introduction F5J également produit par Grüner (voir l’AAModels-info n°132, décembre 2015). La forme de l'aile est elliptique et donc en principe optimalisée, ce qui confère par ailleurs au modèle une ligne fort élégante. L'aérofrein est constitué d'un unique volet monté au milieu de l'extrados du panneau central. Le fuselage est constitué d'une partie avant en bois (balsa et multiplex) et d’une poutre arrière en fibre de carbone de diamètre dégressif. Le stabilo n'est plus un simple profil plat, comme sur la majorité de ces petits planeurs RES mais plutôt une structure profilée dotée également comme longeron principal d’un mince tube de carbone.
L’électrification s’impose
Comme les montées à la catapulte ne sont pas très aisées au terrain de Hamme-Mille, j'ai décidé d'adapter le modèle à la propulsion qui a déjà fait ses preuves sur plusieurs petits planeurs RES, comme l'AndREaS ou le PicaRES, à savoir le moteur Hackel A10/7 réducté 4 :1, un contrôleur Hacker 12 A et une petite batterie LiPo 3S. La capacité de la batterie sera choisie pour se rapprocher au mieux du CG optimal. Ce sera sans doute une 450 mAh.
Un kit exemplaire
Comme toujours chez Grüner, le kit comporte, plus du plan imprimé en quadrichromie, un excellent petit manuel de montage de 24 pages, illustré par de nombreuses photos en couleur. On y trouve aussi la liste complète de toutes les pièces et composants. Toutes les pièces de bois ou de multiplex sont repérées par un numéro et le manuel mentionne pour chacune le numéro de la planchette correspondante. Le montage se fait quasiment dans l'ordre des numéros des pièces, ce qui évite en pratique toute erreur. J’ai vite compris que pour me simplifier la vie, le mieux était de conserver les planchettes dans l’ordre de leur numérotation, à la manière des pages d’un livre ! Retrouver la pièce est alors très aisé. Le manuel comporte cependant un petit nombre d'imprécisions, comme par exemple l'absence de mention des pièces qui constituent le bord d'attaque du stabilo. Comme la photo montre une pièce de couleur foncée, j'avais d'abord cru qu'il manquait un jonc de carbone, pour découvrir dans la liste des pièces que 4 petites pièces prédécoupées étaient encore présentes dans la planchette 76.09. La couleur foncée de la photo est celle de la tranche des découpes au laser dans le balsa...
Les surfaces portantes
Le montage des ailes se fait de façon particulière, afin de respecter le profil qui est légèrement creusé à l'intrados. Il s'agit d'un profil moderne dû à l'ingénieur américain Mark Drela; en l'occurrence l'AG24 à l'emplanture, évoluant vers l'AG26 en bout d'aile. Marc Drela a développé ces profils avant tout pour le planeur lancé main F3K. Cette série de profils est surnommée "bubble dancer" pour ses qualités d'aptitude à l'exploitation optimalisée des thermiques pour des planeurs de petite taille. Vu leur charge alaire faible, ces planeurs évoluent inévitablement dans la zone peu favorable des nombres de Reynolds inférieurs à 100.000. L'épaisseur du profil varie de 8.4 à 6.8 % avec une cambrure d'un peu plus de 2 %.
L'aile est constituée de cinq panneaux : le central, long d'environ 80 cm et qui comporte aussi l'aérofrein, les panneaux intermédiaires d'environ 40 cm chacun, montés avec un dièdre de 4 degrés et les bouts d'aile d’environ 20 cm, montés avec 5 degrés de dièdre. Le montage sur chantier se fait séparément pour chacun des panneaux. Chaque nervure est prédécoupée avec deux "talons" destinés à poser sur le plan de travail. Pour assurer un montage parfait, ces talons doivent venir s'insérer dans les découpes d'un gabarit en balsa 3 mm que l'on pose sur le plan de travail. Une fois toutes les (vraies) nervures positionnées, on y insère le tube de carbone qui servira de longeron. Vient ensuite le tube de carbone qui sert de bord d'attaque, puis la mise en place des demi-nervures et de la mince feuille de multiplex de hêtre 0.6 mm qui sert de bord de fuite. Toutes ces pièces sont collées à la colle cyanoacrylate à prise lente. L'aile complète comporte en tout 96 nervures !
Une fois tout ceci collé, on peut retirer le panneau d'aile du gabarit de montage. On vient alors monter de petites pièces de multiplex 0.6 mm qui servent de renforcement des queues de nervures. Il y en a 48 en tout, ce qui renforce considérablement l'aile au niveau du bord de fuite. Il reste encore à éliminer tous les talons de nervures dont la découpe est amorcée au laser, puis on ponce légèrement tout le balsa. Le montage de l'aérofrein à l'extrados du panneau central se fera une fois l'aile entoilée.
L'empennage horizontal (le "stabilo") est réalisé de façon similaire aux panneaux d'aile : nervures avec talons destinés au montage sur un gabarit provisoire, longeron constitué d'un tube de carbone à paroi mince, de 3 mm de diamètre et bord d'attaque en balsa pour la partie fixe, pièces en balsa 3 mm pour le volet mobile. Le tout est très léger et assez résistant en torsion (8 g pour l'ensemble, avant recouvrement ; 15 g fini).
L’empennage vertical est simplement réalisé par l’assemblage de pièces de balsa prédécoupé de 3 mm d’épaisseur.
Le fuselage est modifié en vue de la motorisation
Comme j'ai décidé de monter dans le fuselage une petite propulsion électrique, un assemblage à vide s'imposait afin de s'assurer de la place optimale de chaque composant : moteur, régulateur, batterie, hélice, servos et récepteur. Une première approximation me suggère de raccourcir le nez d'au moins 5 cm, afin de ne pas devoir lester à l'extrémité du fuselage le modèle fini, comme j'ai dû le faire sur le MadRES. Je décide aussi d'élargir légèrement l'avant du fuselage, pour pouvoir y loger aisément le moteur soudé à son régulateur, ce dernier en position horizontale juste derrière le moteur. Les principales conséquences de ce choix sont la réalisation d'un couple de montage des servos passant de 22 à 26 mm de large et bien entendu le remplacement du nez en balsa par un couple destiné à recevoir le moteur. J'opte pour un nez avec porte pales de 30 mm de diamètre de marque Simprop avec des pales Aeronaut 12x10 in. La batterie de propulsion sera une 3S 450 mAh ou une version plus légère et moins encombrante de 300 mAh dont j'attends encore la livraison.
Le montage du stabilo se fait sur un petit pylône constitué de deux pièces de balsa profilé et de deux couches de ctp 0.6 pour le rigidifier. Deux petits joncs de carbone assurent le positionnement du stabilo, retenu par une vis nylon de 3 mm.
Les servos de direction et de profondeur sont montés sur un petit plancher de ctp 2 mm positionné environ 15 mm plus en avant que sur le prototype « planeur », afin de dégager derrière lui assez de place pour la batterie LiPo. Le récepteur de retrouve sous l’aile. C’est un FrSky G-RX6 qui comporte un altimètre-variomètre intégré.
L’ensemble de la structure, équipée de tous les servos, de la propulsion et de la batterie 3S450 mAh pèse 470 g. On verra ce que coûte le recouvrement, prévu en Oracover light pour toutes les surfaces, et de l’Oracover classique pour l’avant du fuselage. Avec ses 37.4 dm2 de surface portante, cela donne 12.6 g/dm2. C’est à peine plus que la charge alaire renseignée pour le modèle non motorisé. Avant recouvrement, le centrage se situe au niveau du longeron. Cela laisse espérer un centrage assez correct après entoilage.
Équipement, recouvrement et finition
Les surfaces portantes sont recouvertes à l’Oracover Light transparent rouge. Il pèse environ 0.6 g/dm2. Je peux donc craindre un accroissement de la masse totale d’environ 65 g rien que pour l’entoilage des surfaces portantes. Le fuselage est recouvert à l’Oracover blanc. Avec tout l’équipement en place et le centrage rajusté, la masse finale est passée à 570 g, soit quand même une charge alaire de 14.7 g/dm2. Ça reste honnête.
Pour les charnières, j’ai opté pour les petites charnières tubulaires « 1/2A » de Robart (pièce n° 306). Les tringleries utilisées sont les fils de CAP de 0.8 mm d’origine. Elles passent dans des gaines plastic de 2 mm. Ce n’est pas la solution la plus légère mais elle est robuste et stable. Le stabilo peut aisément se démonter et la commande est simplement passée dans le guignol de verre-époxy fixé dans le volet. La dérive est fixée à demeure au fuselage.
Réglages et premiers vols
Un lancer main montra que tout était suffisamment correct pour passer à la montée propulsée. À la fin du premier vol, j’ai décidé de reculer quelque peu le centrage pour se retrouver aux 75 mm recommandés par le constructeur. Cela m’a coûté l’ajout d’une bague de plomb de 3 g à l’arrière de la poutre, juste devant le petit pylône du stabilo. Le nez aurait donc dû être encore un peu plus raccourci, mais le léger écart à l’idéal ne me semble pas justifier le passage à une batterie plus petite (j’ai des 3S 300 mAh…), qui serait alors trop légère et imposerait un petit lest dans le nez cette fois…
Comme ses confrères E-PuRES, E-AndREaS et E-PicaRES, le E-Slite affiche une montée franche et stable. On atteint 100 m en moins de 30 secondes et la batterie 3S 450 mAh suffit pour au moins quatre bonnes montées. La sortie de l’AF a montré la nécessité d’une franche compensation à la profondeur pour contrer le fort effet piqueur provoqué par le volet d’AF, même sorti à 50 %. Pas moins de 35 % de up sont nécessaires à pleine ouverture. Il faut dire que le stab se trouve en pleine zone de turbulence de l’AF.
Le Slite s’avère d’emblée excellent gratteur et sa grande dérive lui procure une réponse instantanée à la direction, même aux faibles débattements. On n’a pas cette inertie à la direction qui caractérise par exemple l’AndREaS.
Pour conclure
Le Slite, particulièrement dans sa version « électrifiée », est un sympathique petit modèle pour se faire plaisir, en tous cas par beau temps. Je n’ai pas encore eu l’occasion de le tester par vent modéré mais il ne fait pas de doute que le choix de son profil doit le rendre capable de bien se comporter. En prenant certaines précautions lors de l’installation de la radio, il doit être possible de loger du lest dans le fuselage sous l’aile. Comparé aux autres kits de planeurs RES tout bois que j’ai monté, le découpage des pièces du Slite s’avère très légèrement moins précis, que par exemple l’AndREaS. Le manuel, bien que joliment illustré, n’est pas toujours parfaitement clair et il y manque même quelques étapes, comme l’assemblage du bord d’attaque du stabilo.
Un aspect délicat de la finition de ce planeur découle du choix du matériau utilisé pour les bords de fuite de l’aile. Le multiplex 0.6 mm est décidément délicat à conserver bien à plat, notamment lors de la phase de tension du film Oracover. De légères ondulations sont quasiment inévitables. L’un dans l’autre, ce n’est pas une construction à recommander au parfait débutant en assemblage de kits tout bois, mais moyennent un peu de patience, et éventuellement à certaines étapes les conseils d’un constructeur un peu plus aguerri, son assemblage est à la portée du plus grand nombre.
Avec son recouvrement en film polyester (l’Oracover Light), mon E-Slite n’atteint pas la grande légèreté de mon E-PuRES que j’ai recouvert au papier Japon léger, dopé à l’enduit cellulosique (« comme au bon vieux temps du vol libre… »). Avec une masse non recouverte quasi identique, le E-PuRES équipé de manière identique, plafonne à 533 g. Mais la grande fragilité de ce type de recouvrement m’a décidé à ne pas renouveler l’expérience, en tous cas pas avec du papier Japon léger…
Comme l’écrit Yann Moindrot dans son éditorial du Modèle Magazine de cet été (n°814), « Il semble y avoir un indéniable retour à la construction et une augmentation des ventes des kits tout bois ». Sacrifiez donc à la mode et laissez-vous tenter par l’un ou l’autre de ces beaux kits réalisés par découpe à la fraise numérique ou au laser. En plus du plaisir de piloter ensuite de très bons modèles, vous aurez vécu le plaisir de les assembler en appréciant lors de la construction la prodigieuse précision que ces techniques numériques permettent d’atteindre.
Un modèle acheté, mais deux sources de plaisir le prix d’une seule…
Robert